jeudi 23 mai 2013

Traduction LSF versus transcription écrite simultanée

Bonne question !
OU

A votre avis, quelle est ma réponse ?

La voici de manière générale : la traduction LSF, sans hésiter ! (Pour le milieu professionnel, je ne m'étalerai pas sur le sujet car c'est une autre histoire)

Note : il existe en France plusieurs systèmes de transcription écrite (vélotypie, transcription écrite simultanée, sous-titrage...) mais dans ce billet, nous ne ferons pas la différence entre eux. Pour des raisons pratiques, nous les nommerons globalement "la TES".


Pourquoi ?

1 - Dans la TES, le ton de la personne qui parle n'apparaît pas. Il est donc difficile, pour un sourd, de savoir si elle est joviale, douce, vive, neutre, triste, agacée ou en colère.

L'interprète LSF
, en revanche, le montre clairement, grâce aux expressions faciales et au mouvement du corps notamment. Il ne traduira pas de la même manière "Avez-vous compris la démarche telle que je viens de vous décrire ?" venant d'un ministre ferme et convaincu de ses idées ou d'un jeune indigné et rebelle...


2 - La TES ne reprend pas à 100 % ce qui est dit par les intervenants. Elle est réalisée souvent sous la forme d'une synthèse détaillée, même si elle reste fidèle au contenu des interventions. Dans la transcription écrite, il arrive parfois que des mots ou même des phrases entières sautent.

L'interprète LSF, quant à lui, traduit entièrement le message des intervenants, que ce soit du français oral vers la LSF ou de la LSF vers le français oral, y compris les lapsus, les apartés, les interjections, les contre-sens... qui n'apparaissent pas forcément dans la TES justement.


3 - La TES est une suite de mots linéaire, ça se lit comme un livre sans images. En passant par ce biais, j'ai l'impression d'être plus passive, de me laisser bouffer par ces mots qui se suivent à la queue leu leu.

La traduction LSF est nettement plus vivante, elle ressemble à une théâtralisation ou une chorégraphie des interventions qui me rendent, du coup, plus captive. Elle permet de mieux 'voir' ce qui est "invisible" à l'oral comme les variations tonales, les jeux de mots, les sous-entendus ou les expressions propres aux entendants, etc.


4 - Avec la TES, le transcripteur nous fait passer de l'oral à l'écrit. A l'inverse, lorsqu'un sourd souhaite intervenir en oralisant/parlant mais n'arrive pas à se faire comprendre, il est bien embêté de ne pas pouvoir passer par l'écrit dans une conférence par exemple...

Avec la traduction LSF, nous passons d'une langue à une autre (français oral vs LSF)... comme avec tout interprète traduisant entre deux langues étrangères. Ainsi, grâce à l'interprète LSF, les sourds signants peuvent poser des questions ou intervenir en conférence comme tout valide.


5 - TES = relation homme-machine.

Traduction LSF = relation humaine où la LSF ne fait juste que remplacer la voix et vice-versa.


6 - La LSF est ma langue première, la langue dans laquelle je suis plus à l'aise. Il est donc pour moi normal de recevoir en LSF les informations qui deviennent alors plus fluides, compréhensibles et jolies qu'en français oral... Ainsi, la traduction LSF est, pour moi, un "moyen" indéniablement plus confortable par rapport à la TES !


Morale de l'histoire


Une pièce de théâtre de Molière, un cours de maths, une conférence sur les AVC, un concert donné avec des chanteurs... : en LSF ou en TES ?
Pour moi, le choix est vite fait... y a pas photo ;)

3 commentaires:

  1. moi qui suis accro à la TES, je suis pourtant d'accord avec ton analyse ;-)

    pour les films sous-titrés pour sourds/malentendants, il y a en plus des descriptions des intonations des voix ou des musiques, ce qui nous permet effectivement de ressentir plus facilement les sentiments des personnages

    j'utilise la vélotypie au boulot, c'est surtout pratique quand c'est une réunion téléphonique et j'avoue que le contact humain me manque !
    parfois on me demande le service de vélotypie pour plus de facilité mais je le refuse souvent car quand c'est une réunion physique à 4 par ex, je préfère largement le contact humain, ce que les autres ne comprennent pas forcément...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci, Laure, pour ton témoignage, très intéressant. Les "autres" comprennent difficilement, voire jamais, pourquoi nous refusons telle ou telle chose, du moment qu'ils la voient comme une compensation par rapport à notre surdité. Les choix de communication nous appartiennent, ce n'est pas à eux de les faire à notre place ;)

      Supprimer
  2. La traduction LSF sans hésiter, bien sûr !
    mais il m'arrive de jeter un coup d'oeil sur les transcriptions écrites de temps en temps..

    RépondreSupprimer

Vous avez un mot à dire ? Tapez-le ici !
(L'utilisation d'un pseudo est vivement conseillée)